L'HOMME QUI TUE - Pierre VOYARD

L'Homme qui tue, la suite.

 

 

" La table des jeunes se consume en déglutitions appliquées. L’ambiance est feutrée.
La chétive fluette à la chantilly reprend sa lecture studieuse. J’y jette un œil, avide de savoir, avide de me rassurer, de découvrir ce qu’elle lit en fait… Cette chose grêle et recroquevillée sur elle-même ne peut lire que de la « religieuseté ». Elle le tient ce bien précieux, ce reliquat de relique dans une feuille repliée… Je parviens à y déchiffrer quelques mots au sein desquels il est question « d’Amour, de chemin de l’Amour et de Rédemption ». Ca se confirme, je suis sur le bon chemin moi aussi… Je me démanche, me déhanche, me contorsionne, m’écarquille, rien à faire. Soudain, alors qu’elle fouille dans son sac je puis lire enfin : « CREE POUR L’AMOUR – Itinéraire spirituel ! ». Aïe ! Je commence à sérieusement me demander si un machin pareil possède un vagin ? Je le subodorais ! Je sentais bien que c’était une « croyeuse ». Elle pose le livre couverture en l’air… « L’ESPRIT DU CARMEL » Ce coup-ci c’est sûr, elle n’a pas de vagin ! Je m’en retourne aux jeunes… Merde ! Quatre mecs pour deux filles… Ils ont donc trois solutions 1 – se battre, 2 – les tirer à la courte paille ou 3 – la tournante… Marie-Thérèse de l’Enfant Jésus paye avec un chèque de la Poste ! La Poste, la banque du Carmel ! Craquement alternatif du chèque détaché… Et si les jeunes étaient homosexuels ? Je suis certain que la Sainte Marie hurle quand on la baise, ou elle prie…
D’un trait de gomme la porte s’efface pour laisser entrer un couple… Il est plus vieux, beaucoup plus vieux qu’elle. Il a des yeux bleus intenses et une bonne cinquantaine… C’est un monsieur qui s’entretient. Je me sens comme une envie de critique… Marie-Hélène m’apporte ma crêpe. Je suis en train d’écrire. Elle me tapote le sommet de crâne avec l’assiette. Les yeux bleus rigolent. Moi : « vous voyez comment elles vous traitent ? » Il fait mine de partir. « Vous avez raison, elles ne respectent rien… » renchéris-je. Nous rions de concert. La jeune femme est jolie, elle a de la gueule, un sourire de masque Thaï. Elle me subjugue, je la regarde, elle ne me regarde pas… Ils s’assoient juste à ma droite. Lui, dos à moi et elle, cachée par lui. Merde, je n’ai vraiment pas de bol avec les femmes… Je retourne à mes écritures, à contrecœur. Sœur Marie-Thérèse de l’Enfant Jésus se lève. La jeune fille au masque Thaï, rit. Pieuse Marie récupère ses affaires éparses sur la table… La porte s’ouvre. Un mec, pas net vraiment, mais vraiment renfrogné, crâne rasé de repris de justesse, mais avec des trous, entre. Regard à Annie qui le regarde. Un signe, un regard de Marie vers la table du coin. Il s’assied, jette un oeil morne à la salle sans même poser son imper, un regard circulaire, regard de scie. Annie dépose un menu à sa table. La jeune prieuse attend Marie, son chèque béni à la main, elle l’agite, il bruisse. Le mauvais ange à l’imperméable repousse sa chaise qui racle et renâcle à se repousser, il se lève et se dirige vers « yeux bleus »… Je sens « yeux bleus » se figer… Le mal rasé dégage les mains de son imper crade. Merde ! Un fusil à pompe à canon scié ! Quelques clients ont suivi les évènements… Il lève son arme, le canon à 20 cm de la tête à « yeux bleus ». « Yeux bleus » ne bronche pas. Il ne tourne même pas la tête. Sa copine le darde d’un regard dense… Ô temps, suspends ce que tu peux … Je louche sur son index de la gâchette, Mal rasé, calmement, presse la détente. Le bruit est sidérant. Le canon fume… Je vais encore souffrir d’acouphènes…
…" 

 

Ainsi commence mon polar... J'espère vous avoir donné l'envie de découvrir la suite...

 

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