" La
table des jeunes se consume en déglutitions
appliquées. L’ambiance est
feutrée.
La chétive fluette à
la chantilly reprend sa lecture studieuse.
J’y jette un œil, avide de savoir,
avide de me rassurer, de découvrir
ce qu’elle lit en fait… Cette chose
grêle et recroquevillée
sur elle-même ne peut lire que
de la « religieuseté
». Elle le tient ce bien précieux,
ce reliquat de relique dans une feuille
repliée… Je parviens à
y déchiffrer quelques mots
au sein desquels il est question «
d’Amour, de chemin de l’Amour et de
Rédemption ». Ca se confirme,
je suis sur le bon chemin moi aussi…
Je me démanche, me déhanche,
me contorsionne, m’écarquille,
rien à faire. Soudain, alors
qu’elle fouille dans son sac je puis
lire enfin : « CREE POUR L’AMOUR
– Itinéraire spirituel ! ».
Aïe ! Je commence à sérieusement
me demander si un machin pareil possède
un vagin ? Je le subodorais ! Je sentais
bien que c’était une «
croyeuse ». Elle pose le livre
couverture en l’air… « L’ESPRIT
DU CARMEL » Ce coup-ci c’est
sûr, elle n’a pas de vagin !
Je m’en retourne aux jeunes… Merde
! Quatre mecs pour deux filles… Ils
ont donc trois solutions 1 – se battre,
2 – les tirer à la courte paille
ou 3 – la tournante… Marie-Thérèse
de l’Enfant Jésus paye avec
un chèque de la Poste ! La
Poste, la banque du Carmel ! Craquement
alternatif du chèque détaché…
Et si les jeunes étaient homosexuels
? Je suis certain que la Sainte Marie
hurle quand on la baise, ou elle prie…
D’un trait de gomme la porte s’efface
pour laisser entrer un couple… Il
est plus vieux, beaucoup plus vieux
qu’elle. Il a des yeux bleus intenses
et une bonne cinquantaine… C’est un
monsieur qui s’entretient. Je me sens
comme une envie de critique… Marie-Hélène
m’apporte ma crêpe. Je suis
en train d’écrire. Elle me
tapote le sommet de crâne avec
l’assiette. Les yeux bleus rigolent.
Moi : « vous voyez comment elles
vous traitent ? » Il fait mine
de partir. « Vous avez raison,
elles ne respectent rien… »
renchéris-je. Nous rions de
concert. La jeune femme est jolie,
elle a de la gueule, un sourire de
masque Thaï. Elle me subjugue,
je la regarde, elle ne me regarde
pas… Ils s’assoient juste à
ma droite. Lui, dos à moi et
elle, cachée par lui. Merde,
je n’ai vraiment pas de bol avec les
femmes… Je retourne à mes écritures,
à contrecœur. Sœur Marie-Thérèse
de l’Enfant Jésus se lève.
La jeune fille au masque Thaï,
rit. Pieuse Marie récupère
ses affaires éparses sur la
table… La porte s’ouvre. Un mec, pas
net vraiment, mais vraiment renfrogné,
crâne rasé de repris
de justesse, mais avec des trous,
entre. Regard à Annie qui le
regarde. Un signe, un regard de Marie
vers la table du coin. Il s’assied,
jette un oeil morne à la salle
sans même poser son imper, un
regard circulaire, regard de scie.
Annie dépose un menu à
sa table. La jeune prieuse attend
Marie, son chèque béni
à la main, elle l’agite, il
bruisse. Le mauvais ange à
l’imperméable repousse sa chaise
qui racle et renâcle à
se repousser, il se lève et
se dirige vers « yeux bleus
»… Je sens « yeux bleus
» se figer… Le mal rasé
dégage les mains de son imper
crade. Merde ! Un fusil à pompe
à canon scié ! Quelques
clients ont suivi les évènements…
Il lève son arme, le canon
à 20 cm de la tête à
« yeux bleus ». «
Yeux bleus » ne bronche pas.
Il ne tourne même pas la tête.
Sa copine le darde d’un regard dense…
Ô temps, suspends ce que tu
peux … Je louche sur son index de
la gâchette, Mal rasé,
calmement, presse la détente.
Le bruit est sidérant. Le canon
fume… Je vais encore souffrir d’acouphènes…
…"
Ainsi
commence mon polar... J'espère
vous avoir donné l'envie de
découvrir la suite...
Merci
de me laissez-moi un mot… ICI
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