Numérique et Progrès

 

Pierre Voyard – voyard@free.fr - lundi 16 décembre 1996 - Dimanche 29 Novembre 1998 - Multimédia et régression.

 

- Avancer à reculons

- Des fruits toujours trop verts

- Un outil pour tout faire de travers

- Numérique et applications

- Médias minimalistes

- Photo numérique/argentique, le grand combat

- Economie et progrès...

- Tous ensemble ! Tous ensemble !

- Automobile et informatique, même combat...


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Préalable : Il est intéressant de comparer cet écrit commencé en 1996, repris et diffusé en 1998 et rediffusé aujourd’hui !…

 

Avancer à reculons

 

Les ravages du numériques sur les différents médias aujourd'hui sont considérables. Nous allons de régression en régression, que ce soit au niveau de l'image ou de celui du son. Ainsi, nous acceptons des images dont la définition aurait, il y a 50 ans (et plus), horrifié un Joseph Nicéphore Niepce. Malgré les progrès incessants de la technique, nous devons encore et toujours choisir entre la qualité, la fluidité, le réalisme des animations et la finesse de leurs définitions dans le détail, le nombre de couleurs ou de nuances.

 

Il y a d'une part les images pour les riches, les possesseurs de machines puissantes et chères, et de l'autre celles des pauvres équipés de machine de 2, 3, voir  4 ans d'age !

 

Nous subissons, à cause de certaines utilisations de la technologie numérique  (Téléphones sans fil, blocs notes électroniques, répondeurs téléphoniques) de qualités sonore aujourd'hui largement inférieures à celle des premiers magnétophones à fil ou autres répondeurs analogiques à K7 ! Nous sommes les champions du progrès à l'envers, nous faisons subir à nos oreilles des outrages que n'auraient pas accepté de subir les oreilles de nos grands parents. Leurs téléphones étaient bien plus respectueux du timbre et de la dynamique de nos voix que nos "blaireauphones" (portables) d'aujourd'hui. Et pourtant, ne nous rabâche-t-on pas les oreilles à longueurs de pubs à coups de "avec le portable "Machins" enfin la perfection du numérique...".

Octobre 2004 - Du temps a passé. Je décide de m'offrir un dictaphone numérique pensant que cette technologie doit enfin présenter quelques avantages par rapport à son équivalent analogique... (64 Mo de capacité, 3 choix de qualité dont le HQ qui signifie tout simplement "Haute Qualité". Transfert sur PC par port USB).
Bien mal m'en a pris ! Avec quelques étudiants en cinéma nous testons et comparons cette merveille technologique avec un vieux dictaphone Olympus analogique. L'Olympus numérique (150€) est écouté sur une chaîne HI-FI contre l'analogique d'il y a 5 ans à 360 F qui est écouté sur son petit HP intégré. Il n'y a pas photo ! Le modèle analogique l'emporte haut la main ! Le son, même en HQ du numérique est insupportable. Les industriels continuent à privilégier la durée contre la qualité ! A ce niveau de technicité, aussi scandaleux que cela puisse paraître, le progrès est encore aujourd'hui à rebours !

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Des fruits toujours trop verts

 

Il en va du Multimédia comme des fruits de ma jeunesse. Nous devions, selon les us et coutumes des gens peu aisés, toujours manger en premier les fruits "attaquées", ce qui fait que toute une génération n'a mangé que des fruit mâchés...

En ce qui concerne le Multimédia, ce serait plutôt le contraire, sous prétexte que demain ces fruit seront murs, la génération actuelle est condamnée à ne manger que des fruits verts et indigestes au lieu d'attendre patiemment qu'il mûrissent. Ainsi aujourd'hui, nous sommes gavés d'animations ridicules de format "nullissimes" à la fluidité hachée et papillonnantes et de sons "ringardissimes" et bruités.

 

Nous en sommes avec l'ordinateur au même stade qu'il y a 15 ou 20 ans, à l'avènement du robot multifonctions en cuisine. C'étaient des robots qui pouvaient tout faire, et qui finalement ne faisaient vraiment rien convenablement. Avec la maturité des cuisinières sont arrivés les robots spécialisés faiseurs de peu de choses, mais qui le font bien.

 

Démarche absolument parallèle en ce qui concerne les perceuses multi-accessoires qui ont fait les beaux jours des rayons de bricolage. Accessoires aujourd'hui remplacés par des outils spécialisés et motorisés de manière optimale et indépendante. Nous avons grandi. Menu

 

Un outil pour tout faire de travers

 

En informatique et multimédia, nous n'en sommes encore qu'au stade anal, qu'à l'outil à tout faire mais qui ne fait véritablement rien parfaitement et ce à quel prix et au prix de quelles difficultés.

 

Ce même et unique outil nous permet de faire de la Bureautique, du dessin, de la PAO, du son, de l'image, du montage audiovisuel, des recettes de cuisine, de jouer, de s'instruire, mais toujours en ne restant que lui-même, un oeil sur le vide, une pieuvre aux multiples tentacules bardées d'interfaces raccordées à des assemblages dangereux de prises multiples.

Ce genre d'outil  est le royaume des conflits inter-adresses. Le Plug-Ing lui-même y perd son latin, ne parlons donc pas du technicien qui a perdu depuis des lustres l'idée même de ce qui peut se passer à l'intérieur de ces monstres de l'ère binaires...

 

Tant qu'on ne demande à la machine d'accomplir que des taches basiques (traitement de texte, tableur, etc...) elle s'en acquitte correctement, encore que les problèmes de sortie imprimante et de compatibilité inter-logiciels et les bugs ne sont pas rares, et que plus la technique est sophistiquée et plus les bugs prolifèrent. Mais dès qu'on sort de ce sentier minimaliste pour atteindre à de grandes choses virtuelles, animées et sonores, dès que la machine n'a pas été entièrement conçue et configurée en usine pour l'usage exclusif auquel on la destine, c'est la cata. tonitruante et épouvantable.

 

Lorsqu'en 1960 Philips a sorti son nouveau format d'enregistrement : "la Mini Cassette audio", c'était en terme de qualité une régression imperceptible par rapport aux machines de salon d'alors, mais une telle avancée en terme de maniabilité, de portabilité, de confort, d'encombrement, de sécurité que le jeu en valait véritablement la chandelle. Et puis, c'était mettre à la portée de toutes les bourses un système d'enregistrement sonore véritablement populaire. Menu

 

Numérique et applications

 

Que nous offre aujourd'hui le numérique ? Soit du matériel enregistreurs/lecteurs très performant (RDAT, DVD et autres...) mais hors de prix et donc de la bourse de la plupart des acquéreurs potentiels. D'un autre côté, les CD audio aux caractéristiques vantées hier, largement décrié aujourd'hui et jugé très insuffisante par une partie de ses promoteurs d'alors, ceux la même qui il y a quelques années à peine nous intimaient quasiment l'ordre de nous en équiper sous prétexte de perfection "numérique". Il est vrai qu'aujourd'hui ceux-ci ont d'autres normes à nous proposer !... Fi des 16 bits (précision 1/65535 è de Volt) 48 kHz, vive le 24 bits (1/16 777 216 è de Volt !) 96 kHz et plus mais dont la fonction véritable est de permettre à leurs promoteurs une protection anti-copie sur 24 bits ! En dehors de cette préoccupation immédiate et urgente ces messieurs n'ont strictement rien à faire d'une qualité supérieure quasiment indécelable par 99,99 % des oreilles sur 99,99 % des installations dites HI-FI. Leur unique et principale souci est la lute contre le piratage !

 

À l'extrémité opposée, des systèmes du type "Dictaphones Numérique" ou autres répondeurs téléphoniques à puce (de 1 à plus de 50 mn de son numérique de qualité insupportable sur circuits intégrés) ou encore, le son trop souvent diffusé sur Internet qui nous projettent brutalement à des années lumières des avancées technologiques évoquées dans ces lignes... C'est à dire : un rapport signal/Bruit déplorable, un taux de distorsion épouvantable et une bande passante... et vive la compression destructive. Il faut dire que plus ça va et plus les systèmes diffusent des musiques indigestes mais cependant rendues assimilables par ces procédé physiologiques de compression de données. Menu

 

Médias minimalistes

 

Aujourd'hui, des radio dites " jeunes " (radios de la génération des aficionados du Walkman qui 3 dB en dessous du seuil de la douleur ne perçoivent plus aucun son) s'aventurent à la diffusion en ligne sur Internet (sic !) avec un taux de compression de (re-sic !) et donc, une qualité de diffusion ?!... Il est vrai que déjà en hertzien, leur dynamique tient dans moins de 3 dB !... Il est aussi vrai que leurs programmes sont enregistrés sur disque dur de grosse capacité, avec les "réductions  de débit" que cela impose. On comprend ainsi déjà mieux qu'ils puissent se satisfaire de la bande passante du réseau des réseaux ! Ainsi, une fois n'est pas coutume, jeunes et vieux dans le même bateau. Les jeunes rendus sourds par le walkman et les soirées techno et les vieux rendus sourds par la vieillesse ! Menu

 

Photo numérique/argentique, le grand combat

 

Il en va exactement de même avec la photo numérique qui aujourd'hui pour être vraiment intéressante nous impose de disposer au minimum d'une imprimante dédiée. Pourquoi pas ? hors le fait du prix de revient prohibitif de la photo à l'unité.

 

Autre solution, disposer d'un ordinateur, de son imprimante et du logiciels de retouche qui pour le même prix vous offriront et le talent et les mêmes moyens d'interventions (corrections et trucages) qu'en argentique, mais relativement plus facilement et du coup, pour un prix somme toute, relativement dérisoire par rapport aux possibilités identiques en argentique... (Mais ne sont-ce pas des moyens un peu disproportionnés juste pour faire un nez rouge et des oreilles de Mickey à belle maman ?).

 

Si on ajoute à cet investissement le coût du cliché couleur tirée sur papier photo ? Ça n'est plus de la photographie, c'est de la gabegie pure et simple...

D'autres part, il faut savoir qu'à qualité égale, le rapport qualité/prix entre l'argentique et le numérique oscille (2003) -rien qu'en ce qui concerne l'appareil photographique- entre 2 et 5 en faveur de l'argentique (à qualité égale s'entend). Cela n'empêche cependant pas nos "références du savoir tout azimut" d'affirmer le contraire et de justifier à l'aide d'arguments ineptes le bon choix de la photographie numérique.

 

Aujourd'hui, nous pouvons espérer des résultats brillants du numérique, tout appareil qui se respecte proposant de 3 à 5 Mega pixel de définition. Mais c'est faire fi un peu vite de 2 choses : D'une part qu'une 5 Mp pèse considérablement plus lourd qu'une  1,2 Mp parfaitement adaptée à un 17' en 1024/768 et que hors le poids qui nous contraint à fortement compresser l'image au détriment de sa qualité (merci JPEG et autres standards de compression) nous devons aussi de la réduire (au détriment encore une fois de la qualité) afin de la visualiser en plein écran ! Menu

 

Economie et progrès...

                                                               

Plus l'économie mène le monde, et plus le progrès se traduit par une dégradation et des images et des sons. Ainsi souvenez vous. Il y à plus de 30 ans, l'apparition du format 24x36 était une régression par rapport au 6x9 ou au 6x6. Mais elle était justifié par une réduction assez conséquente de l'encombrement du boîtier, par sa maniabilité et bien sur, pour des raisons économiques et de rentabilité. Cependant, en l'état du progrès des émulsions d'alors, la différence de qualité -peu perceptible- était " très " acceptable. Mais c'était déjà un coup tordu des économistes...

 

Puis, toujours pour les mêmes raisons : "développement du parc, captation de nouvelles parts de marché, création de nouveaux besoins, ouverture à un nouveau public" sont apparu des support comme l'Instamatic de chez Kodak et le 16mm, les deux au détriment absolu de la qualité, mais tout au bénéfice des concepteurs, constructeurs et diffuseurs de tels formats. Le 16mm photo fut tout de même un échec. C'était pousser un peu loin le bouchon et le prendre le client pour ce que finalement il n'était pas. Une enseigne comme la (BIIIIP) n'a pas hésité à diffuser une brochure comparant un cliché au format 135 réalisé sur du 400 ISO avec un cliché au nouveau format... en 125 ISO. Le commentaire sous les photos affirmait : "vous voyez que ça n'est pas mieux !"

 

Il est affligeant de constater les efforts considérables conjugués de la corporation des journalistes, des artistes, des "intellectuels" et autres universitaires à glorifier l'avènement du tout numérique. Menu

 

Tous ensemble ! Tous ensemble !

 

Combien de fois des émissions de Télévision consacrées à ces nouvelles techniques de traitement de l'information rassemblent une cohorte de spécialistes tous azimuts prêt à défendre corps et âme les bienfaits du numérique et du multimédia. Le but ? Imposer à tout prix au public béat que, hors du numérique, de l'informatique, du Net et du multimédia il n'y a point de salut !

 

Il faut tout de même savoir qu'en 1998 déjà, des pays tels la France devaient pratiquement 50% de leur économie à des marchés tels que l'informatique, le multimédia et la téléphonie sans fil. D'où l'importance capitale pour les industriels et les politiques de nous convaincre à n'importe quel prix de l'absolue nécessité de s'approprier de ces nouvelles technologies. Il est cependant intéressant de constater que des sociétés comme les nôtres sont obligées de se créer des besoins artificiels pour survivre alors que les 3/4 de la population mondiale n'accèdent même pas au minimum vital ! Mais que fais-je ? M'oublis-je ?

 

Lors de ces plateaux de Télé composés d'une majorité de "spécialistes", les quelques voix susceptibles de s'élever contre de tels propos -afin de pondérer les déclarations dithyrambiques des divers intervenants- ne connaissent généralement rient à l'informatique et encore moins au Multimédia et se font donc rabrouer sous une avalanche de données et d'arguments mal digérés que faute de connaissances elle sont incapables de contester. Leurs incurie font le lit douillet de leurs détracteurs. Menu

 

Automobile et informatique, même combat...

 

Non contant de la difficulté d'approche et de la complexité extrême de ces systèmes et de leur manque de fiabilité, imaginez que lorsque vous achetez une voiture, que quelque soit la date de son achat dans l'année, les critères de choix changent tous les 6 mois, que votre voiture à peine livrée soit rendu obsolète par l'apparition sur le marché du modèle de l'année suivante (?) quoi que finalement c'est un peu ça, non ? Que tous les 15 jours on vous propose diverses mises à jour, une fois ce serait le moteur version 2003, que seul les imbéciles ne possèderaient pas, et puis, une semaine plus tard, le système d'éclairages en version 03.2.1, ou encore la nouvelle version tout terrain des pneumatiques, etc. Que vous n'ayez d'autres choix que de les acquérir et de consacrer quelques dizaines d'heures à découvrir leurs nouvelles commandes et nouvelles fonctionnalités (?). Que lorsque vous voulez changer de vitesse s'affiche "erreur 11, désolé, redémarrez" ou mieux encore, "erreur inconnue, redémarrez" et que votre voiture s'arrête en plein carrefour ! (?) Ou que, pour cause de saturation de "réseau" routier, vous mettiez plus de 20 mn pour parcourir 50 m ! (?) C'est ça le multimédia et l'informatique, oui mais, c'est peut-être aussi déjà ça votre voiture... Il faut tout de même savoir que les voitures n'on jamais été aussi peu fiables que depuis qu'elles ont de l'informatique embarquée !

 

 

Niepce (Joseph Nicéphore) (Chalon-sur-Saône, 1765 - Saint-Loup-de-Varennes, 1833), physicien et inventeur français. Dès 1812, il parvint à obtenir en lithographie des négatifs (grâce au chlorure d'argent) et des positifs (bitume de Judée); aussi Daguerre fit-il appel à lui, en 1829, pour fixer les images de la chambre noire, mais seul Daguerre tira profit de cette invention, qui était celle de la photographie. (Hachette Multimédia)

 

 

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