FIDELITE, A QUI, A QUOI ?

Pierre Voyard - mardi 4 Mars 97 23 novembre, 2014 10:33

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- Au secours les oreilles !

- Eduquer notre oreille

- Limiteur de modulation

- Et la radio

- Radio et qualité

- Le son au cinéma

- De la stéréo à la multiphonie

- Prétentieuse Hi-Fi

- Le mélomane et le technicien

- L'audiophilie, mauvaise manie ?

- Le consommateur lambda

- DSP Mauvais goût

- Très haute fidélité


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Au secours les oreilles ! Haut de page

Lorsque que je parle d' "oreille", c'est toujours de l'ensemble indissociable oreille/cerveau dont il est question. Les informations issues de celle-ci sont transmises au cerveau pour analyse et interprétation. Sans analyse et interprétation, il n'y a pas d'audition.

La majeure partie de notre temps nous utilisons nos oreilles comme :

1) Outil de communication au premier degré : Communication
verbale.
2) Système d'alarme.

Exemple :
Arrivée d'un véhicule hors champ de vision.
Pas d'une personne vous suivant de nuit dans une rue mal
éclairée.

Anecdote : Lors d'un stage audiovisuel, un étudiant trébuche sur un amas de tuyaux de cuivre entreposés dans le hall de l'école, milieu particulièrement réverbérant. Sur une 10enne de stagiaires présents, tous ont perçu ce son d'une façon plus ou moins consciente. Immédiatement identifié par les membres du groupe et n'annonçant aucun danger immédiat, avant même son extinction, il avait perdu tout intérêt. Pas un seul ne l'a perçu en tant qu'évènement esthétique, pas un seul n'a été interpellé par la richesse de son spectre, son volume sonore, sa couleur, son timbre...

A longueur de journée, nous baignons dans une quantité incroyable d'informations sonores présentant un aspect esthétique certain, et généralement, jamais personne n'y prête la moindre attention.
Si le photographe a pour tâche de faire découvrir au public ce qu'il n'est capable de voir par lui-même, les réalisateurs audio et audiovisuel ont la même responsabilité au niveau du son. Ou en tout cas, ils devraient l'avoir.

Eduquer notre oreille... Haut de page

Tailler, sculpter, modeler, éduquer notre oreille, mais avec quoi ?

La "Télé-Vision", mot qui signifie : "vision à distance". Rien que le nom est déjà de mauvaise augure. Le mot "son" y est absent. Il eut été préférable pour celui-ci, que ce fut véritablement un média muet !

Techniquement, en dehors des problèmes dus à l'incompétence et au "je m'en foutisme", une des raisons du manque de qualité du son à la télévision est largement imputable à la mauvaise utilisation d'un dispositif réducteur de bruit, vulgarisé sous le nom de son inventeur, le sieur Dolby. Il est connu que l'enfer est pavé de bonnes intentions et qu'un dispositif technique sophistiqué destiné à améliorer la qualité des enregistrements, peut, à la suite d'une utilisation erronée, produire l'effet inverse.

Ses méfaits signent aujourd'hui la majorité des productions du petit écran toutes chaînes confondues.

L'inconvénient majeur des systèmes réducteurs de bruits Dolby est que, plus ils sont performants, plus ils font subir des modifications importantes à la modulation. A fin de ne pas déformer le signal traité, ces manipulations violentes doivent être effectuées non seulement à l'enregistrement, mais aussi de façon parfaitement symétrique à la lecture. Et c'est la que le bât blesse...

Les problèmes apparaissent donc lorsque qu'une bande audio ou vidéo enregistrée sans Dolby est diffusée sur une machine avec le réducteur de bruit Dolby en circuit.

Lorsque le matériel vidéo était équipé de Dolby B (encore en service, mais progressivement remplacé par le C beaucoup plus efficace et donc destructeur), l'effet ne semblait se traduire que par une légère atténuation des fréquences aiguës, atténuation aisément compensable au moment de la diffusion. Depuis l'apparition et la généralisation du Dolby C, l'effet produit ne peut absolument plus passer inaperçu, celui-ci générant un fort pompage sur le haut médium et l'aiguë, chuintement important des "S" et des "CHE", etc..

A vouloir trop bien faire (détection et enclenchement automatique du système réducteur de bruit, puis, blocage systématique des dispositifs en position "ON") on a créé un dispositif qui dessert depuis et pour des années la majorité des documents audiovisuels réalisés et diffusés en Vidéo BVU et BETA.

L'espoir n'est-t-il donc point dans l'avènement du tout numérique ? Sans doute, mais pour quand ?...

Nos documents audiovisuels d'aujourd'hui et de demain sans doute devront-ils à jamais arborer les marques indélébiles et infamantes de procédé tel que les DOLBY NR et autre système systèmes de réduction de bruit numérique ou de compression de données du même acabit ?

Le tableau que je brosse n'est sans doute pas très encourageant, et pourtant, ce ne sont pas là les seuls moyens de dégradation d'un signal électro-acoustique que nous propose ou nous impose l'économie, les habitudes et la technologie.

Le limiteur de modulation ! Haut de page

Le limiteur de modulation, petit lutin Facétieux !

Une autre dégradation généralement constatée est celle provoquée par une mauvaise utilisation du limiteur de modulation (dispositif électronique de surveillance automatique des maxima du niveau du signal sonore à enregistrer). Dans certains cas, c'est le journaliste, lui même très superficiellement formé à la prise de vue (le son étant abandonné à l'automatisme) qui effectue les reportages en solo. Cette pratique est courante et généralisée dans des proportions alarmantes aujourd'hui. Ce mutant de l'audiovisuel, le "journaliste-cadreur-preneur-de-son" se débrouille donc tout seul, micro sur la caméra, ou comme je l'ai vu dans certains reportages, en le confiant à tour de rôle aux différentes personnes interviewées. Il ne reste plus au cadreur qu'à régler approximativement le niveau de modulation (plutôt trop haut que pas trop bas) et, pour le reste, de faire confiance au limiteur pour parachever la destruction finale du son enregistré.

A la Radio Haut de page

En radio, trop souvent, la formation du ou de la journaliste se réduit à : Tu places le micro ici, tu tournes ce bouton sur cette position (volume d'enregistrement), tu enclenches celui-ci (commande du limiteur) et merci NAGRA.

Le Nagra : Magnétophones professionnels extrêmement performants capable d'accepter des erreurs de manipulation particulièrement sévères sans que cela se traduise par une déformation prohibitive du signal enregistré). Il est de plus en plus remplacé (mais pour combien de temps) par les enregistreurs numériques de type DAT.

Le DAT : Beaucoup moins encombrants, et présentant un rapport performance/prix très intéressant. Aujourd'hui débarquent enfin sur le marché, d'une part, le nouveau format HI-MD,

HI MD : Performant, directement issu de la technologie du MD, reste très abordable et accepte enfin d'enregistrer en format linéaire de type WAV ! c'est à dire, sans réduction de débit numérique (compression numérique). Et enfin,

les enregistreurs numériques sur cartes de type Compact Flash et autres, qui présentent l'avantage de ne plus présenter de mécanique embarquée et se libèrent ainsi de tous les problèmes de pleurage et de scintillement des machines à bandes ou à disque. Ainsi, alors que nous arrivons à la lisière du tout numérique et de sa perfection relative, il n'y a plus personne pour prendre le son...

Radio et qualité Haut de page

A part une dizaine de stations, pour la plupart appartenant au groupe Radio-France (France inter, France culture, etc..) plus quelques stations privées (Europe1,...) pour offrir à l'auditeur une modulation de qualité, pour le reste, généralement, c'est la foire d'empoigne.

C'est à celui qui couvre le plus, donc qui utilise au mieux sa puissance d'émission, et pour cela qui utilise le son avec la dynamique la plus faible, d'où, de nouveau, présence du limiteur et des compresseurs de dynamique (dispositif électronique qui permet de réduire les écarts entre les sons les plus forts et les sons les plus faibles), ce qui se traduit par un son épais, sans transparence, sans aération. Dégradations auxquelles s'ajoutent celles générées par les égalisations sauvages et sans aucune pertinence de quelques techniciens incultes.

En sus, faute de moyens ou pour des raisons de choix économiques, les émetteurs ne sont pas à la hauteur et excursionnent allègrement hors de la fréquence qui leur est attribuée ou débordent largement du spectre qui leur est alloué. Ils vont ainsi, joyeux et sans aucun complexe, brouter sur les plates-bandes des stations voisines. De préférence, celles qui ne surmodulent pas. Généralement celles diffusées par TDF (Télé Diffusion de France, organisme chargé de la diffusion des médias tel que la TV ou la Radio), organisme d'état qui se doit de respecter scrupuleusement les normes qui lui sont imposées. Si la puissance d'émission autorisée est "théoriquement" la même pour tous, les stations d'émissions de TDF sont généralement hors des villes, alors que les émetteurs privés peuvent et ne manquent pas de s'installer sur des points parfaitement dégagés et situés au coeur même de la ville ce qui fait que vous pouvez toujours essayer de capter France inter, Radio France ou France Culture dans des grandes villes comme Toulouse, Paris, Bordeaux ou Lyon !... Qui plus est, elle augmentent leur portées au détriment de la qualité de leur modulation. Le pire est que ce type de son gueulard, sans espace ni silence, fait école ! Même des stations comme France Inter se laissent tenter par ces sons à la mode, oubliant ce qui faisait leur différence...

Mais il faut être honnête. Même nos stations nationales ont leur mouton à 5 pattes. France Info par exemple est reconnaissable entre toutes pour son ton, mais aussi par la médiocrité de sa modulation. J'ai toujours la désagréable impression qu'ils utilisent des porte-voix à la place de micros. Ceci est d'autant plus choquant que la plupart des documents sonores diffusés par la station, mais étrangers à celle-ci, présentent par comparaison des caractéristiques acoustiques remarquables, sans commune mesure avec la modulation maison !
Enfin, elle se différencie du gros de la masse par l'utilisation des jingles les plus ringards et les plus détimbrés du sud ouest et des environs mêmes ! (boutade). Les journalistes sont-ils à ce point dépourvus de goût et d'oreilles ? Ne parlons donc pas de stations comme le Mouv, fleuron toulousain

Alors que reste-t-il ? Le son dans les supermarchés ? Dans le métro ? Dans les bars et cafés ? Dans les restaurants ? Dans les sanisettes ? Dans les cinémas, peut-être ?

Le son au cinéma Haut de page

Dolby THX Stéréo, son surround, la fête des oreilles, la fête des gros artifices au service de films non pas sonores, mais bruyants. Comment peut-on qualifier la bande son d'un film comme "A la recherche du diamant vert", bande son qui n'est pratiquement qu'une bande de musique tonitruante au sein de laquelle émerge à peine de-ci de-là comme autant de bulles, quelques hurlements, grondements, explosions et grincements divers ? Musique dont la caractéristique principale est d'être bruyante, non pas par son intensité mais par sa composition même. Moindre épaisseur ? Connais pas ! Ou si peu... Que deviennent dans ce magma sonore des films trop rares comme : "Vogue le navire" ou "le Festin de Babette"...

De la Stéréo à la Multiphonie... Haut de page

La stéréo ou le son qui bouge !...

Si la stéréophonie est particulièrement efficace au cinéma pour restituer un espace, une ambiance, vouloir lui faire restituer le déplacement des acteurs et des objets sur l'écran la conduit rapidement à provoquer des hiatus particulièrement destructeurs. Cela se traduit par des films en stéréo ou le premier" champ, contre champ" fout tout par terre. Imaginez le "champ" alors que, hors cadre une voiture arrive par la droite de l'écran. "Contre champ" cut, et ce même véhicule change brusquement de coté de l'écran !... Pire encore, dans un polar médiocre, plan sur les occupants d'une voiture, caméra sur le capot… Le réalisateur n'a rien trouvé de mieux que de placer le public sur le moteur… Comme la caméra !

Des pistes comme s'il en pleuvait !... Des pour les dialogues, des pour la musique, des pour les effets. Mais il ni a rien à faire. Dans une salle de cinéma, lorsqu'un son ne vient pas de l'écran, qu'on le veuille ou non, il vient obligatoirement d'un mur, et du coup, je retombe brutalement dans la salle de laquelle je m'étais échappé avec difficultés. Même si ce type d'artifice peut un instant déstabiliser le spectateur (effet de surprise), en contre partie, il le re-situe dans la salle de cinéma que le réalisateur incriminé s'épuise à essayer de lui faire oublier.

Le son au cinéma est beaucoup trop souvent réduit à une unique composition musicale plus ou moins réussie... Plutôt moins !... Et pourtant, c'est de pratique trop courante aujourd'hui, si ce n'est systématique. Les réalisateurs ont depuis longtemps abandonné l'espoir de pouvoir exprimer des sentiments uniquement avec des images et des sons. Ils préfèrent déléguer en partie leur pouvoir aux musiciens. Cependant, touts chose a sa raison d'être, cherchez et la facilité et l'argent !...

Quelle est donc la fonction de la musique dans 90% des films ? Ainsi que l'ont si bien dit les Nuls dans un de leur sketch TV, "si les acteurs étaient moins cons, ils écouteraient plus souvent la musique, cela leur éviterait bien des déconvenues". Dans trop de films la musique n'a pour unique statut que celui de remplacer les cris des enfants dans les salles de spectacles de guignol : "Guignol ! Attention ! Attention Guignol !".

Prétentieuse HI-FI Haut de page

Avant d'aller plus avant, je voudrais en finir une fois pour toutes avec le concept de "Haute Fidélité" ! Et pourquoi pas "Très Haute Fidélité" et tant qu'on y est, "Super Extra Très Haute Fidélité !". D'un autre côté nous aurions des chaînes "Fidèles", "Moyennement Fidèles" et même "Absolument pas fidèles"...

Face à de tels superlatifs, je ne puis m'empêcher de repenser à un des meilleurs sketchs de "Coluche" : "la lessive qui lave plus blanc que blanc !". Nous y sommes en plein dedans. Déjà, prétendre simplement à la "Fidélité" sonore me semble bien prétentieux de la part de nos géniaux constructeurs z'et industriels. Il faut accepter une fois pour toutes que la fidélité absolue ne peut et ne pourra jamais exister. En ne prenant pour exemple que le premier maillon de la chaîne, c'est à dire le microphone, pour qu'il puisse aspirer à la perfection, il faudrait que les dimensions (diamètre et épaisseur) ainsi que la masse de sa membrane soient nulles, c'est à dire, qu'il n'y ait en fait pas de micro (sic).

Des bancs d'essais dont toutes les valeurs seraient notées "non mesurable" ne signifierait en rien que nous somme enfin parvenus à la perfection. Cela signifierait simplement que nous sommes parvenus aux limites de nos appareils de mesures.

Qui peut certifier que les seuls paramètres actuels suffisent à sérier les problèmes liés à la transmission, la reproduction, la conservation, la diffusion et la perception du son et à définir si une chaîne est fidèle ou non. L'acoustique science exacte ? Sans doute, mais ne sommes nous pas aux balbutiements de cette science. Savons nous seulement comment fonctionne notre oreille, puis notre oreille/cerveau ? Ne présentent-ils absolument plus de zones obscures, incertaines ? N'avons nous donc plus rien à découvrir dans ces divers domaines.

Déjà gamin, alors que je feuilletais avec un plaisir non feint des revues comme "l'Illustration" ou "Science et vie" des années 40 à 45, déjà les spécialistes et les publicitaires, faiseurs de réclames ne tarissaient pas d'éloges sur les matériels d'alors qu'ils se permettaient de qualifier, avec force, et sans rire de : "Puissance et perfection avec le Pavillon acoustique..." ou "Enfin, la Perfection avec le Haut Parleur à cône en carton..."

Une chaîne ne peut se prévaloir que de tendre ou non à être fidèle, elle ne peut y prétendre. Arrêtons donc d'employer à tort et à travers les termes de "Haute Fidélité".

Audio gogos...

Il y a quatre grandes familles de comportements en "audiomélomanophilie".

Le mélomane et le technicien Haut de page

D'un côté, les mélomanes. Ceux pour qui le tuyau de transmission n'est que secondaire, qui n'ont rien à faire de caractéristiques flatteuses et d'or fin. Ils n'écoutent pas la musique avec leurs oreilles mais uniquement avec leur âme. Ils peuvent goûter une oeuvre classique de renom sur un tourne disque TEPAZZ des années 60.

Puis il y a les "tout pour la technique" coupeurs de cheveux en quatre, pour qui la transmission sonore et entre autres la musique passent tout d'abord par un véritable laboratoire de mesures, et qu'à partir du moment ou un paramètre n'atteint pas les limites du mesurable, cet ensemble n'est pas digne d'assumer une quelconque diffusion. Leur chaîne tient de "l'accumoncellement" de matériel sophistiqué et de mesure : Phasemètre, Wattmètre, sonomètre, analyseur en temps réel, égaliseur multibandes, etc.. Cette catégorie d'audiomachin écoute plus souvent du 1000 Hz, du bruit rose ou blanc et des disques test que la symphonie pastorale. Leurs conversations tournent généralement autour de "temps de monté, réponse en régime impulsionnel, rapport S/B", et j'en passe et des meilleures.

L'audiophilie, mauvaise manie ? Haut de page

Autre catégorie, les audiophiles, ceux pour qui la fidélité n'existe qu'à travers le dieu Tube électronique, que par le saint transfo secteurs et de sortie plaquée à l'or fin 24 carats, que par les câbles de modulations et de haut-parleurs blindés et multipaires à l'âme uniquement constituée de cuivre pur à 99,9999999 %, qui ne parlent que de transparence, clarté, précision, d'aération, sans jamais pour la plupart parler de mesures et encore moins de réalisme de budget. Loin de moi l'idée de remettre en cause les effets bénéfiques de tels procédés, mais une fois de plus, c'est le côté maniaco-snobinard de cette corporation qui me hérisse. La moindre chaîne pour ces gens la, Monsieur, se chiffre à plusieurs centaines de milliers de francs, limite en deçà de laquelle il n'y a point de salut. Leur problème n'est pas tellement d'écouter, mais de jouir et d'impressionner. Ces chaînes échouent la plupart du temps chez des notaires, médecins, chirurgiens et autres notables fortunés. Elles ne sont que la devanture de leur réussite et ne serviront souvent qu'à passer des musiques d'un goût douteux.

Le problème avec le matériel haut de gamme est le même que celui de la bouffe de même niveau. Dans ce dernier cas, on ne peut malheureusement en jouir, si jamais cela arrive, que lorsque nos dents et notre estomac ne le peuvent plus. Il en est de même avec le son. Ce n'est qu'à l'âge ou nos oreilles sont fatiguées et ont perdu tout pouvoir de goûter à la fine saveur de l'univers sonore qu'il est parfois enfin possible d'y accéder. Et si cette catégorie d'âge prend encore le temps de s'offrir le plaisir d'entretenir ses ulcères, à condition toutefois de pouvoir cumuler plaisir et affaires, elle ne trouve jamais le temps pour s'arrêter devant sa chaîne plus de 10 secondes, le temps d'impressionner un invité.

Le consommateur lambda Haut de page

Enfin, quatrième et ultime catégorie, l'auditeur lambda, celui qui achète ce qu'il peut et qui l'écoute avec ce qu'il croyait être des oreilles. Revues, bancs d'essais, normes, standards, articles de fond, comparatifs, ils ont vécu sans, et ils y survivront encore quelques instants.

Ces derniers achètent sans se préoccuper de tubes ou de transistors, ils en sont déjà au stade infamant du tout circuit intégré et achètent sans se préoccuper de vérifier les contes que leurs content les vendeurs hautains et supérieurs de ces usines à rêves que sont les rayons HI-FI des grands magasins et auditoriums spécialisés. Ces derniers rêvent un moment devant les chaînes de prestiges très haut de gamme, puis repartent heureux, équipés de combinés portables (jetables) à la puissance ébouriffante de 120 Watts P.M.P.O. (1) à 129,99 € T.T.C., plus ou moins bien déguisés en chaînes MIDI. Le plus souvent, elles n'ont de chaîne HI-FI que l'aspect, car, à y regarder de plus près, elles ne sont pour la plupart que des combinés radiocassettes carrossés en pseudo éléments séparés parfaitement indissociables, et pour cause.

A peine installée, de préférence sans aucun respect pour la disposition favorisant une écoute fidèle et équilibrée (disposition symétrique des enceintes par rapport au local et par rapport à l'auditeur, local correctement amorti acoustiquement, etc..). Ils déposeront une de leurs enceintes en aglo. de 6 à même le sol dans un des angles de leur salon, (disposition qui favorise les graves, son très joli, mais qui malheureusement n'a rien à voir avec la fidélité), et l'autre, au milieu du mur, à mi hauteur entre sol et plafond. LOUDNESS enclenché, c'est plus beau, l'égaliseur toutes tirettes en haut... Bonsoir la fidélité et la stéréo !

A quoi sert-il que les studios d'enregistrement investissent des dizaines de milliers d'Euros dans du matériel aussi neutre, aussi transparent, aussi fidèle que possible, que des ingénieurs du son passent des heures et des heures à peaufiner le son d'un instrument, alors qu'au bout de la chaîne, l'utilisateur lambda va se permettre grâce au gadget qui lui à été fourni comme étant le nec le plus ultra en terme de chaîne "HAUTE FIDELITE", d'écouter le concerto n° 5 de "Shmoldu" dans une acoustique de chapiteau ?

DSP et mauvais goût ! Haut de page

Le DSP ! En voilà une trouvaille d'industriel qu'elle est jolie !

C'est un tout petit circuit électronique redoutable qui permet à chacun de recomposer dans les 25 m2 de son studio, l'acoustique grandiose de la cathédrale de Reims. Mais aussi, celle d'un chapiteau, celle d'un sous sol d'immeuble et pourquoi pas celle de ses "chiottes" !

Il est facile d'imaginer ce que peut donner l'audition d'un concerto de Mozart métamorphosé par l'intervention intempestive et sans goût d'une égalisation "mal t'a propos", et de son intégration dans une acoustique de chapiteau grâce au DSP !... Mozart n'aurait pas fini de se retourner dans sa tombe si des bonnes âmes ne l'avaient fait recouvrir de chaux vive dans la fausse commune dans laquelle ils l'ont fait échouer en remerciement des services rendus à la musique.

Ainsi, dans une période où les progrès techniques au niveau du traitement du stockage, de la transmission et de la diffusion du son sont impressionnants, le son n'a jamais été d'aussi mauvaise qualité. Il est dommage de constater que la qualité du son aujourd'hui est généralement inversement proportionnelle aux progrès réalisés dans ce domaine.

Très haute fidélité Haut de page

THI-FI ? Comparez...

Avez-vous déjà assisté à un festival de très haute fidélité ?...

A chacun sa chaîne, à chacun son coin. Tout ce matériel est incomparable ! (dans le sens propre du terme) toute opération de comparaison est donc considérée comme une opération totalement contre nature, comme une insulte faite au matériel. A les entendre, seuls les mongoliens et handicapés cérébraux profonds se prêtent à de telles pratiques. Ne voulant être pris ni pour l'un, ni pour l'autre, d'aucun n'ose les contredire. Quand on sait que nos oreilles n'ont une mémoire que de quelques secondes, comment fait-on ?

Comment des gens qui défendent soit disant la très haute fidélité peuvent-ils refuser à chacun la possibilité de faire des comparaisons immédiates entre du très haut et du moyen de gamme ?
Comment le public non initié peut-il avoir une chance de se rendre compte à quel point la différence de qualité entre les deux types de chaîne et d'équipements est perceptible ou non ?


Est-il vraiment aberrant de proposer l'écoute alternée entre deux chaînes dont l'une serait équipée de câbles de liaison de très haut de gamme (qui vous font l'ouïe claire), et l'autre, de câbles ordinaires. Ce type de manip. permettrait à l'ensemble des "bœufs" que nous sommes de constater à quel point ce genre d'accessoire peut ou non influer sur la qualité, sur la transparence, la clarté et l'aération du signal transmis. Enfin, de donner la possibilité au futur-ex-acquéreur potentiel de percevoir la façon dont évolue d'une part : la courbe de la qualité et d'autre part : celle du coût de l'ensemble !... Cela, me semble-t-il, calmerait bien des ardeurs.

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