Mon village et ses gens... Marie...

 

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Dernière mise à jour : 25 novembre, 2014 11:01

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Mon village et ses gens... Marie Ah ! Marie ! La petite Marie, le bar "La Petite Marie", le restaurant "La Petite Marie" et "la Petit Marie" !

 

Un personnage hors du commun, petit bout de jeune femme, pas tellement finalement, le verbe haut, la gouaille à tout va... La répartie plus que facile, toujours un peu tendancieuse et proche de la culotte ou du slip petit bateau que du cerveau des grands hommes.

 

La Petite Marie, bouée de sauvetage à laquelle s'accrochent tant d'alcoolos anonymes, ou pas...

 

Marie et ses intellos, ses zicos, ses peintres, ses poètes, ses artistes de renom ou à la petite semaine... Marie et ses dragueurs obsédés aux vannes un peu lourdes parfois, voire, très...

 

Marie qui a le sens du cœur et de la reconnaissance et qui accompagne tous ses clients et amis morts de vieillesse, de cancers du foie ou des poumons jusqu'à leur dernière demeure... Elle prie, Marie.

 

Au retour, le cortège s'arrête, fume devant la porte, devisant à propos du défunt et consomme rapidement un demi au bar... Le bord du rade est lisse de leurs durillons de comptoirs.

 

Sur la terrasse, les jeunes de Trix, tous à la même table. Ils peuvent y passer des heures sans respirer, voir même la journée. Budget alcool inextinguible..." C'est ma tournée, non, c'est la tienne, Etienne..."

 

La Dépêche et le Petit Journal passent de main en main le matin à l'heure du café. Une ou deux revues de motos, une sur les soins de beauté que ces dames s'arrachent... Bruits de tasses, de petites cuillères, de café qui passe, "tu me donnes un croissant ? Un autre". Ici, tout le monde tutoies tout le monde et le monde entier tutoies Marie ou presque, tout le monde fait la bise à Marie.

 

Je m'y rends 2 fois par jour pour y boire mes chocolats Van Houten ! Manière de laisser refroidir mon clavier ou mon apapreil photo.

 

Certains sont tout heureux de m'avoir surnommé "Van Houten" ! Chocolat que je me prépare, piochant allègrement dans la boite de chocolat noir notée "Personnel". Seuls, Marie et moi y avons droit ! Je me le chauffe, essuie la quéquette à vapeur en faisant Harrg ! Comme Marie qui le fait si bien et m'éclate. Ça nous fait rire ! Je me le prépare, me le remue, me le bois et range même la tasse dans l'évier... Et je paie ! Lorsque Sandra est là, la belle portugaise, c'est elle qui me réchauffe le lait puis me gueule affectueusement dessus lorsque je repars en oubliant de payer. Sandra aime les pièces jaunes, seul pourboire que je consent ! Aujourd'hui je me suis fendu de 0.20 € ! A marquer dans les anales de l'histoire du bar... En fait, ce sera le pourboire de toute l'année !... Sandra me rétorque "Je me disais aussi"...

 

Son grand plaisir, alors que je salue, fanfaron à peine, les dames présentes à cette heure, (Giselle et toutes les autres dames prêtresses de la paroisse que j'effarouche par mes propos salés), est de me préparer tout le matos en douce, juste pour me surprendre. Tasse soucoupe, sucre, chocolat, lait chaud, tout est là ! Alors je l'embrasse...

 

Marie la petite, femelle hyper active que tout homme normalement constitué rêve d'emmener dans son lit afin de la galipéter à tue-tête !

 

Marie ne se repose jamais, ne lit jamais, ne s'assied jamais. "Lorsque tu vas en terrasse, tu dois y aller les bras chargés à l'aller et au retour sinon, ça n'est pas efficace" ! Marie à travers les tables et les chaises, esquisse les obstacles, les chiens sous les tables, la chatte noir et blanche, l’œil aux aguets ! De quoi risquent-ils donc de manquer ? Y'a-t-il encore du pain dans la corbeille de la douze, la six va manquer de vin ! Ah ! Pas de sel sur la quinze ! Et Marie s'affaire !

 

En cuisine, Marie, toujours égale à elle-même (elle m'aime ?), toujours à fond la caisse, le geste précis et parfois, moins, font que les salades sont régulièrement agrémentées de quelques lambeaux du bout de ses doigts que Marie malmène...

 

Dans la salle ou en terrasse, ses clients assidus ou de passage. Madame le maire, parfois, monsieur le curé, souvent, Jean, Roger, Robert, Fernand, Blondeau et les autres, comme dans la chanson de Brel... Et même, de temps à autre, à la place du mort...

 

Darme de saumon aux petits légumes, quart de rouge, mais pas n'importe quel pichet. Un en verre aux formes esthétiques et aux courbes de femme adultaire ! Moelleux au chocolat et café... En même temps que le moelleux, le café.

 

Marie à moto, 7h, 20h ! 21,22, voir 23 heures... Une vanne, un sourire, un sourire, une vanne et la moto qui patiente sur la place du 14 juillet à attendre que se referme l'affaire de Marie...

 

Mercredi, jour de fermeture, de sa grasse mat ! La veille de ce jour béni par les dieux Bacus et autres clampins religieux, Marie irradie rose ! Pourtant ces jours-là, Montricoux nous la joue tristesse et village mort ou ses clients assidus errent comme des âmes en peine dans les rues désertiques, froides et ventées d'un vent glacé qui nous fait pleurer les yeux, même l'été par jour de canicule !... Ils errent parmi les papiers gras, shootant dans une boite de conserve...

 

Quelques-uns d'entre nous, désœuvrés jusqu'à la moelle, se couchent devant le rideau clos de la Petite Marie... Ils hurlent à la lune rousse, tels des chiens perdus sans maître... Mais Marie revient parce qu'elle revient toujours notre Marie pleine de grasse, le seigneur et avec nous, vous êtes bénite entre toutes les femmes, ainsi soit-il.

 

le 5 octobre 2013

 

Pierre VOYARD

 

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