Un temps mort chez un
horloger fait taire les aiguilles de ses horloges, montres, carillons et
pendules ; Il voulait tuer le temps quelques temps et le temps n’a pas survécu.
Une femme obèse décède des
suites des blessures mortelles dues aux couteaux rebelles de son pèse-personne
mal-traité...
Au loin dans la nuit,
sublime vengeance, claquent les fusils affûte-lames des bouchers, et les
bouchers meurent. Ils étalent sur leurs étals leurs cerveaux parmi les
cervelles d’enfants-bœufs.
J’ai froid aux mains... Il
neige la mort.
De lourds flocons éclatent
sur le sol en une multitudes de fleurs aux pétales acérées.
Une voiture passe devant la
morgue les pneus en charpie. Des passants parmi les tessons de neige courent
sans même s’apercevoir qu’elle les ronge, qu’ils s’amenuisent par le bas sur
cette neige abrasive. Certains n’ont déjà plus de pieds, d’autres sont à genoux
de prière.
Sur le parvis de l’église ;
gnome pensant, gnome croyant, gnome pieu, un prêtre en habit de prêtre, lacéré
jusqu’à la taille, appelle ses portions d’ouailles. Il baigne dans son sang et
le croît sang de croix.
Une tête d’homme, sans
corps, glisse doucement sur cette flaque gigantesque flasque de sang neigeux.
Des fenêtres à guillotine
font entendre dans la rue mare, la rue charnier, leurs claquements secs de
têtes coupées aux expressions de surprise. Et le floc flou de la chute mole de
ces têtes dans la boue rougeâtre de la rue des sans corps, se fond dans une
longue plainte amère...
Une mère pousse un landau
les bras tendus à l’extrême. Elle est toute petite cette mère rongée jusque
sous la poitrine, laissant derrière elle, pinceau vivant, une trace écarlate de
vie. Elle sourit à l’enfant qui sourit à sa mère, d’un sourire sans visage, un
sourire dessiné sur un trou rouge de boule de neige lancée par des enfants aux
regards étonnés de l’absence nouvelle de leur mains, de leurs subite
transparence qui leur permet enfin de découvrir tarses et métatarses
débarrassées de leur gangue de chair... Leur maître leur en avait si bien
parlé, cet homme d’un âge énoncé dernier... Il tombe sur cette neige froide de
larmes acérées pour lui effacer visage et souvenirs...
Le froid s’installe dans la
rue, dans le ventre des enfants... Le sang dans leurs veines devient neige, la
neige sous leurs pieds devient sang qui dans leur corps devient coupant,
tranche artères, hache chair pour les disséquer par dedans.
Et je les regarde, ces morts
mourants, ces cons me sourient, j’éclate de rire, et cet éclat me tue !...