Splaoutch !

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Pierre Voyard - Toulouse le 10 novembre 2004

Modifié le : 25 novembre, 2014 14:28

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Splaoutch !...
J'en ai vu un ! Un signataire de la matrice, vous savez ? La Matrice !... Beau et con comme un 35 tonnes ! Et ce putain de TGV qui roule la mort ! Qui s'affole, s'emballe ! A cette vitesse, un poteau traverse le wagon sur toute sa longueur en moins d'un quart de seconde ! Le wagon vibre de toutes ses structures et personne ne vomit ! Aucune terreur apparente ! Pas même une crispation, un rictus ?

Je ne vois même plus les poteaux passer ! Ils sifflent l'air matutinal comme un coup de fouet vipérin. Des villages apaisés tremblent à l'ombre de leurs tilleuls, et ce con intégral qui se la joue "Matrix" sur écran géant coins carrés, blaireauphone à la main, casque sur les oreilles que chaque entrée dans un tunnel me détruit ! Ce con phénoménal prend des mines, des poses, grimace des expressions hasardeuses, il est content et du progrès et de sa béatitude... Ou plutôt, techno attitude !...

Le train s'enfonce dans la terre à nouveau dans un WOOM ! explosif ! Merde, mes oreilles ! Et l'autre nain ? Il est content le nain, il commente ! Cligne d'un oeil, puis de l'autre, louche sur son blaireau comme s'il allait lui parler, que même, il lui parle... En fait, c'est un type content de lui, de cette société dans laquelle n'est bon que ce qui brille, cette société d'argent et du pouvoir de l'argent, et il en aura de l'argent ! Il se le promet, se scarifie, bois son sang, se signe et jure ! A défaut d'en avoir, il a déjà le look de ceux... Il voyage, il communique mais pas avec ceux que l'on croit ! Il n'est pas là en fait, il téléphone ou fait comme si... Ca lui donne de l'importance à ce branché de partout, ce communiquant universel comme une prise, comme la pince...

Lorsque tout à l'heure il retrouvera sa Golf turbo-diesel 16 soupapes, gros pot, petite bite, le blaireauphone toujours vissé à l'oreille, il déclenchera à distance l'ouverture centralisée de ses portières, signe indéniable de son pouvoir surnaturel, de son importance, de son omnipotence… Et le train va de plus en plus vite que c'est à se demander jusqu'où s'arrêtera-t-il, effileur de paysage, déchireur de paix des sages…

Et puis le TGV flâne, musarde après nous avoir explosé les oreilles à répétition !

Tu t'offres un billet de "Bleu de peur" en GV et en fait, tu voyages en PV ! Et même en TPV Très Petite Vitesse)… Je me remémore les trains de mon enfance qui faisaient "taklong ! taklong !" comme des femmes qui baisent... Dieu que c'était érotique et langoureux ces taklongs qui lancinaient... Ca y est, il accélère, oh non ! Ne le laissez pas accélérer !... je me médicamente le cœur, on ne sait jamais...

Nous venons de croiser quelques fermes éparses... J'imagine le bordel lors de chaque passage de train... Cinquante mètres à peine et quelques milliers de tonnes lancées à 360 km heure ! Les vaches vêlent des taureaux hirsutes des quinzaines en avance. Les veaux ont les yeux bleus qui convergent, des femmes mettent bas en désordre, gesticulant quelques fétus obèses. Les chiens aboient ! Ca y est, il tressaute ! TGV à nouveau. Pourvu qu'aucun bovidé ou moche d'ailleurs, ne traverse ! Et encore moins un camion citerne, si terne mais parfois flamboyant !...

C'est monstrueux, nous traversons des villages dont les fermes s'étirent comme des chattes lascives. Les vitres volent en éclat... Les enfants hurlent attachés à leur lit... Du soleil dans le sud... Pour le moment, c'est pire, ça sent pire, le brouillard met bas. Je suis vert du nombre de fermes et de villages que nous traversons de l'intérieur, juste là, à peine, tout près... Des havres de paix réduits à néant, détruits à jamais. Putain, ce con de conducteur de train qui nous prend des virages sur deux roues à 300 passé ! Nous croisons des fermes adorables que nous entrevoyons à peine, la cheminée toute de guingois... Une pouliche pleine fait un saut périlleux arrière, salto croisé, larguant ses eaux en l'air comme un geyser hélicoïdal lumineux et gluant ! Adieu, veaux, vaches, cochons, couvées... Nous parvenons au point de non-retour, au point de fusion totale, absolue, point de désintégration, point de passage en hyper espace... Ca y est, il fait soleil ! Adieu, amis, camarades, mes frères, je vous ai tant aimées... Apnéee...

Splaoutch !...

Pierre Voyard

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